Hier, en présence d’élus de Vitry, du Consul d’Algérie à Vitry-sur-Seine et de responsables d’associations, nous avons rendu hommage à la mémoire des Algériens, blessés, tués, jetés à la Seine et internés lors de la terrible répression policière qui a suivi la manifestation pacifiste du 17 octobre 1961.
Les forces de police française ont fait preuve d’une violence sauvage et aveugle contre ces hommes, ces femmes, ces enfants dont le seul crime fut de se rassembler ce soir-là pour protester pacifiquement contre une mesure raciste : l’instauration d’un couvre-feu destiné seulement aux Algériens, décision prise sans aucun fondement légal.
Ce déchainement de violence ne doit rien au hasard : carte blanche avait été donnée au Préfet de police Maurice Papon pour réprimer la manifestation. Ce même Préfet fut condamné plus tard pour complicité de crime contre l’humanité en raison de sa responsabilité dans la déportation d’enfants juifs lors de l’Occupation. C’était donc, de la part de l’Etat, offrir aux policiers un véritable « permis de tuer ».
En érigeant il y a 7 ans cette stèle et en organisant chaque année, depuis, cette cérémonie d’hommage, notre ville marque son engagement, aux côtés de l’Association Ensemble pour l’avenir, à faire vivre la mémoire de ces années troublées, dans une démarche de sensibilisation des nouvelles générations, mais aussi dans un esprit d’échange et de coopération entre nos pays.
Notre initiative veut également contribuer ce que l’Etat reconnaisse la responsabilité de la République française et l’implication des forces de police dans le bain de sang du 17 octobre 1961. Seul l’examen lucide du passé et, donc, la reconnaissance officielle des crimes commis permettent d’avancer réellement vers de nouvelles coopérations pacifiées.
Je me félicite qu’un premier pas ait enfin été réalisé l’année dernière, avec une communication officielle à l’occasion du 51ème anniversaire du 17 octobre 1961 rendant hommage aux manifestants assassinés. Il était temps.
Mais ce progrès demeure trop modeste et ne donne pas réparation aux victimes et à leurs descendants. Il faut reconnaître, dans la loi, la responsabilité de la République française et de la police qui a exécuté des ordres. Il faut également autoriser chacun, et notamment les familles des victimes, à accéder librement à toutes les archives de la tuerie et de la répression qui s’ensuivit.
Notre ville, messagère de la Paix, œuvre au quotidien pour qu’une culture du dialogue, de l’échange et de la coopération se substitue à celle de la guerre, de la violence et de la domination. Notre rassemblement devant la stèle procède de cet engagement.