La visite du pape en France a été l’occasion pour le premier représentant de notre République laïque d’écorner un peu la laïcité de l’Etat, l’un des principes fondateurs de notre société.
Il y a un siècle, les Français s’affrontaient entre eux sur la question de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Il ne faut pas revenir à cette période de lutte fratricide. La laïcité de l’Etat est essentielle pour les religions. Elle permet aux croyants de vivre leur foi, quelle qu’elle soit. C’est un droit, une liberté. Et je respecte trop les croyants pour ne pas remettre cela en question. Le respect de ce droit, dans la diversité des croyances, s’avère essentiel aujourd’hui en France, et passe par le respect de la laïcité telle qu’elle est définie dans la loi.
Un adjectif accolé à la notion de laïcité est inutile et surtout, réducteur. Une laïcité dite positive ne le serait plus tout à fait. Parler de « laïcité positive », c’est faire comme si cette nouvelle approche enveloppait toutes les consciences, qu’elles soient profondément laïques et/ou religieuses. C’est dire : « oui, la laïcité est laïque, bien sûr, mais elle est aussi un peu religieuse puisqu’elle est positive ». Et donc, la notion même est pervertie. La définition de la laïcité dit justement qu’il est impossible d’intégrer la religion au politique*. Si elle venait à s’y immiscer, ce serait grave et dommageable, autant pour la démocratie que pour la pratique de la foi.
Dans ce sens, je refuse le communautarisme. Il ne peut mener qu’à des différends. Je suis plus que jamais pour la laïcité de l’Etat. Car cette dernière constitue une véritable garantie pour les croyants, non seulement dans leur vie privée et donc dans leur approche spirituelle, s’ils ont en une, mais aussi dans leur vie de citoyen. C’est ça la laïcité : permettre à un homme ou une femme d’être à la fois citoyen et croyant, ou pas. Bien des croyants pensent comme moi qu’il faut conserver la liberté des cultes, qu’il faut établir des passerelles respectueuses entre les différentes religions. Ils seront aussi d’accord avec moi pour dire que leur liberté de croire ne doit en aucun cas être instrumentalisée, d’une façon ou d’une autre. C’est la tolérance qui peut maintenir les religions vivantes et indépendantes.
* Laïcité : principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’Etat n’exerçant aucun pouvoir religieux et les Eglises aucun pouvoir politique. (Le Petit Robert)
