Plus de 40 jours de mobilisation et une victoire sociale. Les Guadeloupéens réclamaient 200 euros nets supplémentaires sur les bas salaires. Tous les syndicats unis, toute la société civile unie dans la rue ont pu faire que cet accord soit signé entre syndicats et représentants d’entreprises. Et sans le MEDEF, car on a assisté, de sa part, à une belle démonstration de mépris et de refus du dialogue. La répartition se fera comme suit : 50 euros pour les entreprises, 50 pour les conseils général et régional et 100 euros pour l’Etat pendant 3 ans. Les organisations ont signé sans le MEDEF, qui s’est retrouvé à son grand étonnement en dehors des négociations. D’où cette victimisation de Willy Angèle, le responsable du MEDEF-Guadeloupe, qui s’est dit agressé par Elie Domota, leader du LKP. Un écran de fumée destiné à détourner l’attention des revendications. Attitude puérile et irresponsable !
Et que dire du silence du Président sur cette explosion sociale ? Est-ce peut-être qu’il n’avait rien à dire en face d’une lutte légitime, en face d’une lutte aux reins solides, animée par un sentiment d’injustice ? Est-ce peut-être aussi qu’il redoute un déplacement du mouvement social en métropole ?
Le taux de chômage en France métropolitaine est de 8,3 %. Il est officiellement de 22,7 % en Guadeloupe (et même de 30 % selon certains observateurs), de 39, 8 % chez les jeunes. Le prix du panier de la ménagère est 35 % plus cher en Guadeloupe qu’en Ile-de-France. Les manifestations qui ont eu lieu ces dernières semaines ont éclaté non seulement pour protester contre la vie chère mais aussi contre les inégalités sociales.
Ce qu’il faut savoir, c’est que 100 000 manifestants en Guadeloupe correspondent proportionnellement à 10 millions de personnes mobilisées en France Métropolitaine. Ces chiffres éclairent sur l’ampleur et l’importance du mouvement.
« Désormais, les Guadeloupéens ont la conscience d’être victimes d’un système de super surprofitation tout à fait injuste, dont la perpétuation est permise par la complicité de l’Etat français. Lequel est censé, en théorie, assurer l’égalité de tous les citoyens vivant sur son sol. Les Guadeloupéens ont décidé de dire stop », résume Patricia Braflan-Trobo, universitaire guadeloupéenne dans les colonnes de l’Humanité.