Même si la loi sur les retraites a été promulguée, elle n'est en rien définitive. Rien n'est encore joué. La bataille sur ce projet n'est pas achevée. Elle est à venir. Et la mobilisation peut imposer son retrait.
Dans la poursuite de cette réforme, le gouvernement a cherché à montrer qu'il avait le pouvoir d'écorner une partie de ce qui constitue la protection sociale. Et de quelle piètre façon : pas de dialogue constructif avec les syndicats, pas de concertation, et une loi votée à toute vitesse, avec des amendements dans le désordre. De ces grandes journées de grève et de l'attitude méprisante du gouvernement, il résulte du dépit, de l'amertume ainsi qu'un sentiment profond d'injustice.
Quand les banques périclitent à cause d'opérations financières viciées, ce sont des fonds publics qui les sauvent, qui les renflouent, sans contrepartie.
Quand les usines ferment, les actionnaires prennent au passage 10 à 15 % de dividendes en plus. Mais les ouvriers qui travaillent pour 900 à 1100 euros par mois, eux, se retrouvent sur le carreau.
Quand les membres du gouvernement usent d'un bon sens de mauvais aloi en expliquant doctement qu'on vit plus vieux et qu'il faut donc travailler plus longtemps, l'argument ne tient pas. Par le passé, l'augmentation de la durée de vie n'a jamais servi à abaisser l'âger de départ à la retraite.
Le sentiment d'injustice croît pour cette simple raison que le gouvernement gratifie les déjà privilégiés, en oubliant sciemment les populations moins aisées. Ce sentiment provient aussi du fait que tous les secteurs publics sont considérés par le gouvernement et le Medef comme autant de pactoles juteux, d'opportunités à saisir pour les marchés et les spéculateurs (les retraites représentent 240 milliards d'euros). Mais tant pis pour le montant des pensions, qui diminuerait...
C'est donc maintenant que le projet politique de Sarkozy est rejeté en masse par l'opinion qu'il convient d'unir les forces de gauche. Car deux modèles s'affrontent : celui de la concurrence, de l'insécurité sociale contre celui de la solidarité, de l'équité.
Une alternative est aujourd'hui possible pour proposer un modèle de société plus juste. En Grèce, et même en Grande-Bretagne récemment, des manifestations ont éclaté pour réclamer plus de droits. Les directives européennes sont largement critiquées.
Il est urgent qu'un projet collectif de gauche se construise, en intégrant intelligemment les difficultés de mise en œuvre qu'on peut imaginer. Chacun doit y apporter son implication, son ou ses idées, pour que tous ensemble, nous décidions de la société dans laquelle nous voulons vivre.
Des pistes existent. Pour les retraites, mettre à contribution les revenus financiers du capital rapporterait au bas mot près de 22 milliards d'euros. Dans ce sens, un pôle public bancaire et financier aiderait à utiliser raisonnablement les profits, au service des populations et non des seuls spéculateurs. Sécuriser l'emploi et la formation semblerait judicieux en ce qui concerne la question du travail. Affirmer aussi l'attachement que nous avons pour la commune et les autres échelons que sont les conseils régional et départemental a aussi son importance. Et enfin, ouvrir des espaces d'intervention à la jeunesse pourrait apporter de beaux projets, emplis d'espoir et de force.