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18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 13:33

 Photo : Céline Anaya Gautier  -     

Dans les journaux français, on a pu voir des enfants haïtiens manger des galettes de boue. Oui en Haïti, on mange de la terre mélangée à du sel et à de la graisse végétale pour tromper la faim. Dans ce pays, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 40 % en moins d’un an. En Afrique sub-saharienne, en Asie du Sud et dans certains pays d’Amérique latine, des émeutes dues à la faim éclatent à cause de ces hausses de prix disproportionnées. C’est une commotion de plus pour des populations déjà appauvries. Celles-ci en effet doivent pour beaucoup consacrer 80 à 90 % de leur revenu à leur alimentation.  

 

Selon le FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture), 850 millions de personnes sont sous-alimentées. La faim tue plus que les guerres, alors même que toutes les études et les calculs scientifiques s’accordent pour dire qu’aujourd’hui, les moyens agricoles pourraient nourrir sans difficulté 12 milliards d’être humains (nous sommes 6 milliards 700 millions d’humains à ce jour).

 

Autres chiffres : la guerre en Irak va coûter 3 000 milliards, et il en faudrait 30 pour endiguer la faim dans le monde.

 

Partir de ce constat ne devrait-il pas suffire à persuader institutions internationales et pays riches qu’il est permis d’imaginer des solutions pour que tous les hommes aient le droit de se nourrir ?

 

Car des solutions, il en existe mais elles vont à l’encontre des pressions impitoyables de l’économie mondiale actuelle. Ces règles ont chronologiquement été édictées il y a 20 ans par le FMI (Fonds Monétaire International) et la Banque Mondiale.

 

Sous l’influence des Etats-Unis et des autres grandes puissances, elles ont imposé aux pays en développement une agriculture destinée à l’exportation (beaucoup de coton, de café…), dite de « haute valeur ». Hélas, les cultures vivrières, qui ont pour but d’alimenter la population locale, ont été abandonnées. Du coup, des pays qui pouvaient se dire autosuffisants car producteurs d’excédents (le Malawi, le Zimbabwe, le Rwanda, entre autres), ont perdu en très peu de temps leur relative sécurité alimentaire. Ils devaient même importer des aliments de base.

 

De plus, le FMI et la Banque mondiale ont exigé des « programmes d’ajustement structurel ».  Les budgets sociaux, comme les dépenses publiques pouvant soutenir l’agriculture, ont été  réduits à peau de chagrin. Les outils capables de réguler les marchés et les prix au niveau international ont été démantelés. Toutes ces mesures ont été pensées pour enrichir un petit nombre au détriment du plus grand nombre.

 

Dans certains médias, on entend que c’est le climat, les coûts de production ou la demande en agro-carburants qui réduiraient l’offre et renforceraient la hausse des prix. Je crois plutôt que c’est le résultat de la spéculation boursière sur les denrées alimentaires de base. Et c’est d’un cynisme sans fond, car cela ressemble à une manipulation. Sur le marché des matières premières, on parie que les prix vont baisser, ou augmenter. Et pour gagner plus d’argent, on est prêt à menacer des millions d’êtres humains de mort par la faim.

 

Imposer une règle qui interdise de spéculer sur les produits alimentaires de base afin d’éviter les famines pourrait être une solution assez simple à mettre en place. Cela ferait baisser les prix. Mais qui aurait le courage de le faire ? Il faudrait déjà que certains renoncent à se mettre dans la poche ces millions de la honte.

 

Si partout dans le monde, des émeutes éclatent, des gens ont faim, c’est bien que le système capitaliste se révèle incapable d’apporter des réponses acceptables. Le FMI et la Banque mondiale ne seront certainement pas poursuivis pour avoir affamé tant d’êtres humains, pour avoir nié la souveraineté des peuples. Il est urgent d’instaurer des systèmes de protection pour les populations. Urgent d’infirmer toutes les priorités liées à l’enrichissement qui ont cours aujourd’hui et favoriser plutôt l’intérêt général. Ce n’est pas la rente, le revenu, qui importe. C’est la vie.

 

Les idées capitalistes ont fait leur temps. Jamais il n’y a eu de démonstration plus claire, dans tous ces pays du monde. Les seules richesses des agriculteurs sénégalais, guinéens, thaïlandais ne doivent plus profiter aux plus riches. Pervertir leur travail, les priver de pain, de riz, de sorgho, c’est les tuer à coup sûr car ce sont eux les plus touchés.

 

La capacité de produire des denrées alimentaires est immense, partageons-la, partageons-les.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

P
Oui l'arme alimentaire ne doit pas être. C'est pour cela qu'il faudrait sortir l'agriculture des négociations de L'OMC, protéger dans tous les pays du monde les cultures vivrières et paysannes, assurer un revenu décent aux paysans, cesser l'agriculture intensive du tout à l'exportation voulue par les multinationales de l'agro-alimentaires, permettre des coopérations régionales et b-latérales,refonder la P.A.C. pour l'Europe, rediscuter la distribution des terres et le hold up des grands propriétaires sur les petites exploitations, redéfinir les prix des matières premières agricoles et interdire la spéculation sur celles çi.
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